Ce matin c'est différent...
Pendant ces deux mois de traitement qui m'ont coûté mes sourcils et environ 27 rouleaux de PQ, je n'ai pas pleuré. J'ai vomi et fait pas mal de popo liquide, mais pas une larme.
Je n'ai pas eu peur de mourir, Van Houten m'avait dit que je pourrais faire chier mon monde encore longtemps.
Je crois tout simplement que je n'ai pas réalisé. Ca n'avait aucune réalité ce truc-là . Je l'ai intégré dans ma routine, sans plus. Petit passage sur l'A86 toutes les semaines pour ma perf de gerbitruc, un ou deux comprimés de chilikid le midi... Mais ça n'existait pas.
Ce matin, pourtant, c'est différent...
En fait, je me fous d'aller à l'hosto, on peut même dire que j'aime bien ça : l'ambiance, l'odeur, les médecins qui sauvent des gens, les infirmières qui piquent des gens... J'ai toujours eu un rêve un peu fou d'être infirimière ou aide-soignante et de visiter mes ptits patients avec la banane jusqu'aux oreilles...ouais, bon c'est un rêve hein ! Mais bon, c'est pour ça que je stresse un peu de laisser mes chéris-chéris, mais que je ne panique pas.
Et puis je suis une routarde : hernie ombilicale, hernie crurale (me demande pas ce que c'est !), appendicite, dents de sagesse (là , tu douilles, crois-moi), opération du pied gauche... Je n'ai pas peur de la perfusion, je n'ai pas peur de la prise de sang. Je me fous de la pompe à morphine (on peut même dire que je kiffe), la prise de tension à 6h00 du mat', je m'en tamponne le coquillard !
Mais ce matin, bah, c'est différent...
Je me fous aussi qu'on m'enlève mes pauvres os malades (il reste pas grand chose en fait), d'ailleurs, on va me mettre du super matos à la place. Bon, c'est sûr, j'en ai marre de boitiller et d'user une chaussure sur deux.
C'est sûr aussi que ça ne fait pas plaisir d'entendre qu'il faut "agir vite et bien si on veut garder de la surface osseuse...et surtout préserver vos orteils". Ça peut servir des orteils.
Mais je m'égare, j'en étais où ? Ah oui, je te disais que quelque part, avant ce matin, je me foutais aussi des détails. Ou plutôt je refusais de les voir.
Ce matin, y'a une différence...
J'ai pris conscience qu'on allait à nouveau m'anesthésier. J'ai pris conscience que j'allais rester sur la table pendant QUATRE heures à subir une micro-chirurgie de pointe destinée à éradiquer le crabe du pied et à reconstruire mes orteils naturellement moches... J'ai pris conscience que j'allais très probablement chialer en me réveillant (ça me le fait à chaque fois) et réclamer un anti-douleur TOUT DE SUITE.
J'ai réalisé que mon grand fiancé émotif allait pleurer en me voyant toute vaseuse (j'ai surkiffé pendant une fraction de seconde, je suis une garce, c'est officiel). J'ai réalisé que mon fils allait tout faire pour me faire plaisir donc sur-abuser de la douche (là j'ai frôlé l'extase).
Ce matin, c'est bien différent... Je sais que je rentre à l'hôpital à 13h30. La réalité s'est imposée à moi, d'un coup, comme ça, pendant que j'accomplissais un petit geste simple... Parfois ce sont ces petits riens du quotidien qui vous font réaliser.
Mon petit rien à moi m'a fait réaliser. La vie c'est simple comme une douche tiède.
Ce matin, je me suis lavée le fri-fri à la Bétadine... 

Du coup, bah, j'ai réalisé, tu vois...

P.S : Pas l'intérieur du fri-fri, suis pas folle quand même !
P.S 2 : Je vous écrirai un ptit billet demain matin , c'est promis.
EDIT DE 18h30 : Teasing de la mort qui tue !!! Demain matin, jour J de mon opé', ici, sur ce blog trop trop bien, nous n'en parlerons pas. Nous parlerons d'amitié, de cœur, de gens vrai de vrai... et de poulet. Fumé, en brochette, cuit à la braise...mais nous parlerons de poulet (te).